Acte III, 4 nov., Piquet loi énergie

stop à l’obstruction climatique, place au courage politique

Piquet renforcé au Grand Conseil : stop à l’obstruction climatique, place au courage politique

Ce matin, un piquet renforcé s’est tenu devant le Grand Conseil vaudois pour défendre la future Loi sur l’énergie (LVLEne). L’objectif : montrer que la population attend des actes alignés avec les engagements climatiques, et non un affaiblissement systématique des mesures nécessaires à la transition.

Un rendez-vous citoyen pour soutenir la LVLEne

Mardi 4 novembre, de 8h30 à 9h30, citoyennes, citoyens et membres de collectifs climat se sont rassemblé·es devant le Grand Conseil pour exprimer un message clair :

NON à l’obstruction climatique.
OUI au courage politique.

La LVLEne est une étape essentielle pour atteindre les objectifs du Plan climat vaudois et tenir les engagements pris face à la crise climatique.

Un projet de loi construit avec sérieux… puis détricoté

La LVLEne n’est pas sortie de nulle part. Elle résulte d’un travail solide réalisé par la Commission de l’environnement et de l’énergie (CENEN) :

  • 10 mois de travail
  • 21 séances
  • nombreuses auditions d’expert·es, d’acteurs du terrain et de parties prenantes
  • Unanimité de la commission pour entrer en matière et soutenir le texte amendé

Malgré ce travail rigoureux, le projet de loi est attaqué point par point depuis le 23 septembre, lors des débats au Grand Conseil. Une partie de l’hémicycle détricote la loi et cherche à en vider la substance. Résultat : un texte affaibli, loin des exigences climatiques et énergétiques pourtant reconnues comme indispensables.

Pourquoi ce piquet ?

Parce qu’à force de réduire les ambitions à chaque article, on compromet directement la transition énergétique et la sécurité climatique du canton. La loi est vidée de ses outils pour agir efficacement.

Ce piquet visait à rappeler aux élu·es leurs engagements, notamment ceux validés par la population le 18 juin 2023, et à leur demander de choisir la voie de la responsabilité.

Un message aux élu·es

La population demande de la cohérence :
soit assumer clairement ne pas vouloir respecter les engagements climatiques,
soit donner à la Loi sur l’énergie la force nécessaire pour accélérer réellement la transition énergétique.

Et maintenant ?

La mobilisation continue. Ce piquet renforcé en appelle d’autres tant que la loi sera menacée. Les citoyen·nes attendent du courage politique, pas des calculs partisans ni un sabotage silencieux des engagements climatiques.

Discours

Nous sommes des citoyennes et citoyens responsables et engagé·es pour le bien-être de notre canton et de sa population.

Aujourd’hui, nous nous adressons à l’ensemble du Conseil d’État et du Grand Conseil vaudois, au-delà des courants politiques et des clivages idéologiques. Vous avez toutes et tous décidé d’engager le canton de Vaud sur le chemin de la neutralité carbone et du respect des Accords de Paris à l’horizon 2050. Les premiers effets doivent être ressentis en 2030 – autant dire demain !

Et que se passe-t-il maintenant, en 2025, quand vous débattez au sujet de la loi sur l’énergie, loi qui devrait permettre à notre canton de franchir ENFIN les premiers pas sur ce chemin exigeant pour lequel, nous ne cessons de vous le rappeler, vous vous êtes engagé·es ?

Chaque article de ce projet de loi subit un ou plusieurs amendements, dont les seuls buts sont de baisser les exigences, de renoncer à des obligations, autrement dit : de violer vos propres engagements.

Tout nous pousse à croire que vous n’avez pas la moindre intention de respecter vos engagements pour le climat, car, à force de mettre des bâtons dans les roues à chaque occasion de progrès pour le climat, votre comportement révèle une obstruction climatique extrême.

Car, en tant qu’hommes et femmes politiques, vous détenez un certain pouvoir de décision. Ce pouvoir implique autant de responsabilité : responsabilité vis-à-vis de vos électrices et électeurs, et vis-à-vis de l’entier de la population vaudoise. À chaque fois que vous prenez la parole pour réduire l’impact positif sur le climat de cette loi, vous participez à ralentir les mesures indispensables pour réussir la transition énergétique. Chacun des amendements que vous avez votés jusqu’à aujourd’hui éclaire d’une lumière aveuglante le processus d’obstruction climatique en cours.

Comment pouvez-vous faire fi de la volonté populaire exprimée clairement le 18 juin 2023 ?

Aujourd’hui, vous avez le choix entre deux actes courageux : soit vous vous engagez pleinement pour respecter les Accords de Paris et vous donnez suffisamment de moyens d’action à la LEn, soit vous osez dire en face à la population vaudoise que vous n’avez pas la moindre intention de respecter vos engagements.

Anne Dinkel pour Objectif Climat

Article par Julia Steinberger

24heures du 4 novembre 2025

Loi sur l’énergie: obstruction climatique au Grand Conseil

La Suisse subit de plein fouet les impacts accélérés du réchauffement climatique. Des centaines de décès dus aux vagues de chaleur caniculaire sont scientifiquement attribuables au réchauffement, et ce printemps, le village de Blatten était détruit sous nos yeux, victime de la fonte des glaciers et du pergélisol alpin.

Dans ce contexte, le Canton de Vaud, le 3° de Suisse en termes de population et de poids économique, doit se doter d’une loi sur l’énergie essentielle pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat. Après un an de travaux de commissions parlementaires, un vaste travail de consultation des acteurs concernés, la proposition sur la révision de la loi vaudoise sur l’énergie a enfin obtenu le soutien de l’unanimité des groupes politiques, et pouvait passer à l’étape de l’approbation au Grand Conseil.

Cette étape a débuté en septembre et, étant donné ce long et minutieux travail de préparation et le soutien de tous les groupes politiques, aurait dû passer comme une lettre à la poste. Pourtant, avec inquiétude, nous constatons que les élus de certains partis n’ont de cesse de proposer amendement sur amendement pour affaiblir ce projet : un projet auquel ils ont participé et qu’ils ont approuvé, après un long processus de compromis démocratique. Comment comprendre ces délais, ces entraves et maintenant ce retournement?

Loin d’être accidentel ou anodin, nous pouvons reconnaître et même nommer ce phénomène: il s’agit, ici comme ailleurs en Suisse et en Europe, d’obstruction climatique. Depuis quelques années, la communauté académique des sciences sociales du climat s’est réunie sous l’égide du Climate Social Science Network. Grâce à ce réseau et aux travaux des chercheurs qui y contribuent, notre compréhension des obstacles divers à l’action climatique a progressé de manière spectaculaire. En 2024, ces chercheurs publient leur rapport sur « l’obstruction climatique à travers l’Europe ». Cas par cas, pays par pays, leur conclusion est sans équivoque: l’obstruction climatique freine le progrès et l’efficacité de la réglementation étatique.

Le but premier des acteurs alliés aux industries fossiles est d’empêcher et de retarder l’action climatique efficace, comme pourrait l’être la loi sur l’énergie, et d’utiliser tous les moyens possibles pour arriver à leurs fins. Certains outils dans l’arsenal de l’obstruction climatique sont désormais bien connus: déni scientifique, climatoscepticisme, dénigrement des scientifiques et chercheurs. D’autres sont moins visibles mais tout aussi efficaces: lobbying industriel et politique, nouveaux projets qui imposent des formes additionnelles de dépendance aux combustibles fossiles (les autoroutes d’Albert Rösti en seraient un exemple), interventions procédurières et litigieuses pour affaiblir ou retarder les régulations.

Les acteurs de l’obstruction climatique usent de tous ces outils pour freiner et affaiblir l’action climatique, une action urgente, nécessaire et protectrice pour la Suisse et nos concitoyens. Le trop long processus de consultation et de commission parlementaire, le retournement de position des partis qui pourtant avaient soutenu à l’unanimité la nouvelle proposition de loi, les amendements sans fin visant à affaiblir la loi: force est de constater que l’obstruction climatique sévit aussi chez nous, au Grand Conseil.

Il nous incombe de la dénoncer et de mettre l’intérêt de la collectivité au-dessus de celui des lobbies des industries fossiles.

Julia Steinberger
Professeure à l’Institut de géographie et durabilité de l’UNILGalerie photos

Piquet renforcer, loi sur l’énergie du 7 octobre avec le discours de Julia :
https://objectifclimat.ch/articles/actualites/acte-iii-7-oct-piquet-loi-sur-lenergie/

Autre référence : Rapport sur l’état du climat en Europe en 2024 : aucun autre continent ne se réchauffe aussi rapidement

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